Le peuple palestinien est en danger ...témoignage et interpellation
Le peuple palestinien est en danger : la France doit agir
De retour de mission en Palestine : Alexis, Catalina, Catherine, Claudie, Daniel, Françoise, Geneviève, Gérard, Jean-François, Jocelyne, Marie-Yvonne, Paul, Perrine, Philippe et Pierre,
Nous étions quinze personnes de 36 à 77 ans, réunies dans une mission solidaire en Cisjordanie organisée du 18 au 31 octobre 2022 par l’Association France Palestine Solidarité de Loire Atlantique. Une des rares délégations en Palestine dans cette période très tendue.
- NOUS AVONS VU le déploiement de soldats, à Jérusalem, dans le quartier de Silwan où la tension est palpable à chaque coin de rue.
- NOUS AVONS VU le désarroi de Nabil, un habitant du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem, face à son expulsion imminente : les colons ont déjà occupé illégalement la maison d’à côté et celle d’en face…
- NOUS AVONS VU la tente installée dans ce quartier palestinien de Jérusalem par le député suprémaciste israélien Itamar Ben Gvir qui vient chaque semaine, provoquer avec arrogance les habitants et encourager publiquement ses partisans à tirer sur les Palestiniens. Le lendemain de notre passage, un Palestinien a été blessé.
- NOUS AVONS VU « le Mur », à Bethléem et accompagné Abu Moussa à la cueillette de ses olives près de ce Mur qui l’a privé de la moitié de ses terres. Plusieurs fois arrêté avec sa femme Leïla, il est menacé d’expropriation. Pas de trace des colons ni des soldats ce jour-là : notre présence lui a-t-elle évité des ennuis ?
- NOUS AVONS VU les rues désertes de la vieille ville d’Hébron, les maisons palestiniennes confisquées par les colons, les rues condamnées par des barbelés, et la tension chez les habitants qui ont fait le choix de rester.
- NOUS AVONS VU angoisse et impuissance, dans les yeux des habitants de Masafer Yatta, dans le désert du Néguev, au sud d’Hébron. Les habitants de douze villages résistent face à la démolition promise qui a, malheureusement, déjà commencé pour y installer un terrain militaire. Leur recours en justice a été, sans surprise, rejeté par la Cour Suprême en août dernier.
- NOUS AVONS VU à Ramallah l’association ADDAMEER qui soutient les 4 700 prisonniers politiques palestiniens dont 190 sont des enfants et 800 en détention administrative, sans charge ni jugement.
- NOUS AVONS VU Naplouse en état de siège. Nous avons été accueillis chaleureusement par les animateurs d’un centre socio culturel, qui travaille avec les enfants et les femmes de la ville. Ce fut un soulagement pour eux de nous voir, ils se sentent moins isolés. Cinq jeunes de Naplouse ont été tués deux jours avant notre passage, et un autre pendant notre séjour.
- NOUS AVONS VU les avant-postes d’une colonie israélienne à Beita, ville de 16000 habitants, où nous avons été accueillis par des villageois qui défendent leurs terres volées depuis 1988 par la colonie voisine. Partisans d’une résistance non violente, ils ont réussi à les faire partir cinq fois mais n’ont que leurs corps à opposer aux soldats qui les ciblent. Depuis mai 2021, ils en paient le prix fort : 13 morts, 200 prisonniers, 207 blessés par des tirs dans les genoux (70 personnes) ou au niveau de la tête (9 d’entre eux ont perdu un œil). Lors de notre passage ce vendredi 28 octobre, trois Israéliens sont là, comme chaque vendredi, venus de Tel Aviv en soutien à ces Palestiniens. L’un d’eux, brandissant le drapeau palestinien nous dit : « j’ai honte d’être israélien et chaque juif, du Jourdain jusqu’à la Mer Méditerranée, devrait avoir honte ». La semaine précédente, Benyamin Netanyahou était venu encourager les colons leur promettant, s’il était élu, de leur donner cette terre pour bâtir leur colonie.
- NOUS AVONS VU dans le camp de réfugiés de Jénine les difficultés rencontrées par les associations qui assurent des soins aux handicapés ou accueillent des enfants en souffrance psychologique, en détresse économique ou sociale.
- NOUS AVONS VU le lieu où a été assassinée Shireen Abu Akleh, en mai et écouté Ali Samoudi, journaliste palestinien blessé à ses côtés le même jour.
- NOUS AVONS ENTENDU les drones et les hélicoptères et, chaque nuit, fusillades et explosions accompagnant les incursions des soldats israéliens. 22 jeunes ont été tués depuis avril 2022, en défendant le camp contre l’agression de l’armée d’occupation. Depuis 2003, nous entretenons des liens avec le camp de Jénine : c’est la première fois que nous voyons une situation aussi dégradée et constatons un sentiment d’abandon par la communauté internationale : « Pourquoi, en Europe, laissez-vous faire cette agression ? Pourquoi y a-t-il deux poids deux mesures entre Russie/Ukraine et Israël/Palestine ? Pourquoi l’État d’Israël bénéficie-t-il d’une telle impunité ? »
- NOUS AVONS VU un peuple digne qui fait face et résiste mais il est à bout. Cette situation s’aggrave et le gouvernement français, comme l’Union Européenne, sont parfaitement informés : journalistes et diplomates sur le terrain font de nombreux rapports. Les résultats des récentes élections en Israël font craindre une nouvelle escalade, encore plus violente de l’occupation et de la colonisation israéliennes.
N’est-il pas choquant d’entendre le Président français vouloir « renforcer les liens déjà si forts entre Israël et la France » au moment où ce pays s’apprête à se doter du gouvernement le plus extrémiste de son histoire ? Il ne suffit pas de condamner en paroles la colonisation ou de déclarer qu’Israël a le droit de se défendre.
Israël n’est menacé que par sa propre politique et le peuple palestinien est en danger absolu.
Nous en appelons au gouvernement et au Président français, pour qu’ils fassent pression sur Israël, y compris par des sanctions, pour mettre fin à l’occupation et à la colonisation, conformément au droit international.
Date de dernière mise à jour : 30/11/2022