Israël-Palestine : un conflit colonial - De-colonizer à Pornic et à Clisson

Eléonore Merza et Eitan Bronstein animent une soirée dans le cadre du Festisol 2019. L'AFPS44 et le CCFD-TS44 local s'associent depuis plus de 10 ans à Pornic pour informer sur la situation du peuple palestinien.

Un CR de la soirée en bas de cette page 

S'informer pour comprendre - s'informer pour agir.

150 personnes participent à cette soirée qui permet de mettre les bons mots sur le conflit colonial vieux de plus de 100 ans, finalement pas si difficile à comprendre ... Beaucoup d'émotion dans la salle lors la présentation illustrée de cartes et d'une vidéo qui détaille certaines des activités de De-colonizer. Des questions importantes posées par les participants – des réponses argumentées, claires et fortes de Eléonore. 

A mettre en valeur :

  • le cheminement personnel des deux militants de l'association – la détermination « radicale » de leur engagement – les formes y compris légales de la volonté d’étouffement des voix « dissidentes » par les autorités israéliennes

  • les comparaisons fécondes avec ce que fut la colonisation française en Algérie et l'impact qu'elle peut encore avoir dans notre société aujourd'hui

  • les évolutions en cours dans les communautés juives aux Etats-Unis

  • antisionisme/antisémitisme : Eléonore déconstruit avec de nombreux arguments la manipulation en cours

  • Mais aussi ce que nous pouvons faire : élargir le mouvement BDS, interpeller les élus, proposer des voeux aux collectivités, bref tout faire pour que des sanctions soient imposées à l'occupant.

Une soirée qui participe de nos actions pour faire évoluer ici les représentations sur la Palestine. Dans la salle : un public très varié de militants, de personnes qui cherchent à comprendre, de pratiquants qui se préparent à partir en « Terre sainte » , des élus, des enseignants de lycée et de collège.

Dédicace de leurs livres - table de presse de nos deux associations - expo sur le Mur. Les dons des participants permettront à De-colonizer de poursuivre ses actions.

e 22 Novembre à Clisson, la lbrairie "Les Villes Invisibles" contenait avec peine les 50 personnes venues écouter Eléonore Merza-Bronstein parler de l'ONG israélienne DE COLONIZER qu'elle a fondée avec son mari.

Eléonore, anthropologue juive basée à Tel Aviv, nous a parlé de son combat au sein de la société israélienne pour que soit reconnue la Nakba et la réalité coloniale d'Israël. Elle nous a parlé des nombreux antagonismes existant dans cette société et des racismes assumés notamment envers la population palestinienne.

Ce n'est que l'heure tardive qui a mis fin au débat et aux questions diverses d'un public qui a découvert une société israélienne assez méconnue ainsi que le combat très difficile des trop peu nombreux opposants et de DE COLONIZER en particulier.

Une quinzaine d'exemplaires de "NAKBA" l'ouvrage de Eléonore et de son mari vont permettre à leurs acheteurs de prolonger cette soirée.

 Dans la librairie 

Clisson 22nov

La soirée à Pornic le 18 novembre en trois images 

ELEONORE MERZA ET EITAN BRONSTEIN à PORNIC

Le 18 novembre, l’Association France Palestine Solidarité 44 et le CCFD-Terre Solidaire du Pays de Retz Atlantique accueillaient, à Pornic, Eléonore MERZA(1) et son mari Eitan Bronstein(2), deux militants, « anthropologues du politique », engagés dans le laboratoire alternatif de recherche israélien « De-Colonizer ». Cette soirée des deux associations de la Plateforme44 des ONG pour la Palestine était organisée dans le cadre du Festisol 2019.

Dès les premières phrases, on perçoit que l’intervention va être claire et forte. Le discours est rapide, rythmé et argumenté. Le français d'Eléonore est impeccable. On sent très vite des convictions pleinement assumées de « militant-e-s anticolonialistes et féministes en Israël ».

Eléonore et son mari Eitan ont fondé et co-dirigent « De-Colonizer » pour sensibiliser le peuple juif à l'histoire coloniale d'Israël, faire reconnaître la tragédie palestinienne et ainsi lutter « pour la justice dans le cadre du droit international ». Pour ce faire, il faut d'abord nommer correctement les choses tues, les faits occultés par le discours et les célébrations Israéliennes. Ainsi, la « Nakba »  (« Catastrophe » pour les Palestiniens) n’existait pas pour les Israéliens, il y a 15 ans (Nakba perçu comme un mensonge : les palestiniens sont partis d'eux-mêmes, ont attaqué, ont perdu, ont expulsé 900 000 juifs... Concurrence des mémoires). Aujourd'hui, on en parle un peu à la télé mais cela reste tabou dans l'identité collective.

Une conviction les anime : « Toute personne peut toujours changer, évoluer, en prenant conscience des événements comme a pu le faire Eitan lui-même qui a connu le « déclic » lors de son service militaire en Israël : Il a un jour été « choqué » par un comportement inacceptable de jeunes camarades soldats à l’égard d’un commerçant palestinien à qui ils ont « prélevé » des fruits … comme si cela allait de soi ! Il a compris là que quelque chose n’allait pas… ». Et puis, que des anciens combattants du palma osent parler, c'est plus convaincant pour les juifs israéliens !

C'est donc un véritable travail d'éducation populaire qu'ils ont engagé. Ces chercheurs et militants travaillent à la construction de ressources pédagogiques rigoureuses et accessibles, à partir de sources israéliennes, pour éduquer leur propre société. Ils ont, par exemple, dressé la carte(3) impressionnante de tous les villages palestiniens, chrétiens et syriens détruits (57 dès avant 1948, 615 en 1948, puis 206 de 1967 à aujourd’hui) et de ceux menacés de destruction (70). Travail considérable aussi pour décrire la véritable histoire avec leur livre : « Nakba, pour la reconnaissance de la tragédie palestinienne en Israël ».

Ils essayent inlassablement d’impliquer les Israéliens par des actions propres à provoquer des prises de conscience : organiser une exposition sur les ruines d’un village palestinien détruit et dont il ne reste presque rien pour rappeler la vie de ce village avant la Nakba, proposer à des Israéliens de lire eux-mêmes en pleine rue des extraits de leur livre et à partir des réactions débattre, organiser des « tours alternatifs » voyages organisées pour de jeunes juifs du Monde entier ...

Mais tout cela est réalisé dans un contexte très difficile… puisque « sous menaces de mort » glissera Eléonore au détour d’une phrase… sans insister.

Les mots sont choisis avec précision. A De-Colonizer, on ne parle pas : de « faire la paix » (ce sera possible quand on aura mis fin à l'occupation), de « conflit israélo-palestinien » (il s'agit d'une colonisation), « d'arabes isaréliens » (mais de palestiniens en Israël)...

Dire sans détour la colonisation présente dès l’origine du sionisme qui l’inspire : c’est là qu’est la clé, l’explication de l’installation progressive de la situation actuelle et de toutes ses conséquences. C’est cela qui est à dénoncer et à remettre en cause au plus profond . « Tant qu’Israël ne relira pas l’histoire sous cet angle, il continuera à le payer très cher ». Parallèle avec le vécu de la colonisation de Algérie par la France et de la douloureuse décolonisation : même problème de fond !

Leurs productions en hébreu, en anglais et en français visent aussi la communauté internationale car « sans pression politique internationale, les choses ne changeront pas ». Eléonore a d'ailleurs rappelé l'importance des actions B.D.S et le combat de jeunes juifs américains de plus en plus nombreux dans ce sens.

A l'issue de la soirée, les 150 personnes présentes les ont chaleureusement et longuement applaudis, une manière de les remercier pour l'impressionnante intervention d'Eléonore mais aussi pour leur engagement, leur courage et l'important travail réalisé avec ténacité et persévérance. Nos hôtes venus en France avec leur jeune fils de 3 ans le méritaient vraiment.

La collecte organisée à la sortie au profit de De-Colonizer a permis de leur remettre 500 euros. Ils ont pu vendre 35 exemplaires de leur livre.

Une très belle soirée, très éclairante qui donne encore plus de sens à notre engagement.

Arsène LERAY (CCFD-TS), Chantal LEDUC-BOUCHAUD et B. A. (AFPS 44)

(1) Éléonore, de mère juive et de père musulman expulsé du Golan syrien en 1976.

(2) Eitan Bronstein, Israélien juif , est l'un des fondateurs et animateurs de Zochrot.

(3) La présentation de leur travail et de la carte : https://www.de-colonizer.org/carte-en-francais . Ils n'y oublient pas les destructions de localités juives.

 

Date de dernière mise à jour : 06/01/2020